Découvrez une brève histoire du collège Elsa Triolet de Varennes-sur-Seine, établissement d’enseignement secondaire inauguré en novembre 1981, au terme de plusieurs années de combat de la part des enseignants et parents d’élèves.

Les années 1960 : un premier collège pour Varennes

Varennes-sur-Seine avant la Seconde Guerre mondiale (Archives 77)

À la fin des années 1950, la petite commune de Varennes-sur-Seine entame sa lente métamorphose, après les difficiles années de reconstruction d’après-guerre. La France des Trente Glorieuses voit sa population augmenter (baby-boom) et, avec elle, une demande toujours plus importante de logements et d’équipements publics.

En 1959, lorsque le nouveau maire communiste, Jean Séjourné, est élu, Varennes-sur-Seine est toujours considéré comme « un quartier pauvre et délaissé de Montereau ». Le groupe scolaire se compose alors de quatre classes de primaires situées autour de la mairie (2 classes de garçons et 2 classes filles) et d’une classe de maternelle.

La forte augmentation du nombre d’élèves au début des années 1960 oblige la municipalité à construire un nouveau groupe scolaire dans le quartier de Maison Blanche.

En mai 1965, le premier Collège d’enseignement général (C.E.G.) de la commune est inauguré rue Albert-Gravé, et ouvert à l’intercommunalité. À cette époque, les élèves suivent un cursus qui dure cinq ans : deux années sont consacrées à l’enseignement général et technique, les trois années suivantes étant dévolues à des enseignements spécifiques.

Hélas, malgré ses nouveaux locaux, l’établissement n’est pas entièrement terminé et montre rapidement son incapacité à pouvoir accueillir tous les élèves, de plus en plus nombreux, dans de bonnes conditions de travail. La moitié des effectifs doit se contenter de préfabriqués, mal chauffés ou insalubres. De plus, il n’y a aucun équipement collectif pour assurer les activités sportives.

En 1966, la municipalité demande aux pouvoirs publics de faire construire à Varennes un nouveau Collège d’enseignement secondaire (C.E.S.) : le recteur de l’Académie de Paris (dont la commune dépendait alors) est informé de cette demande et accepte ce projet, censé voir le jour au début de l’année 1969. Un terrain est même désigné et des architectes proposent des plans.

Hélas, la demande de la municipalité reste sans réponse concrète, alors que la construction d’un nouvel établissement, plus grand, constitue désormais une « urgence absolue ». En avril 1968, pour des raisons budgétaires, le sous-préfet de Provins informe la commune que le projet est repoussé à une date ultérieure, dont le programme de construction sera fixé « le moment venu ». Il faudra attendre plus de dix ans !

Les années 1970 : un long combat pour l’enseignement

Au début des années 1970, la situation de l’enseignement secondaire à Varennes devient difficilement tenable : alors que l’inspection académique propose la création de nouvelles « classes mobiles », les enseignants dressent un constat catastrophique : il y a désormais 15 classes qui suivent des cours dans des préfabriqués, dont 2 sont inutilisables.

Enseignants, parents d’élèves et membres du conseil municipal enchaînent les réunions, les manifestations et les rencontres avec les plus hautes autorités de l’État. Las, la réponse est toujours la même : le financement de nouveaux établissements scolaires est accordé en priorité aux zones à forte urbanisation – ce qui exclut Varennes-sur-Seine. Pourtant, le préfet de Seine-et-Marne envisage encore une prochaine construction, au terme de l’année 1979 ; projet resté sans suite, lui aussi.

Varennes Info (Janvier 1979, Mairie de Varennes)

En 1975, la scolarité obligatoire en France prend un nouveau visage : celui de la loi Haby (ministre de l’Éducation nationale de 1974 à 1978), instaurant le collège unique. Désormais, tous les élèves seront accueillis dans un seul et même établissement, de la 6ème à la 3ème.

À Varennes-sur-Seine, la situation s’enlise. Les enseignants et parents d’élèves s’allient pour organiser une journée portes ouvertes, au cours de laquelle chacun peut découvrir les conditions dramatiques de l’enseignement secondaire :

« Locaux vétustes et inadaptés, manque de salles et d’équipements indispensables (installations sportives, locaux de demi-pension, etc.), enseignements dévalorisés, sacrifiés voire rendus impossibles, manque de sécurité dans l’établissement »

Varennes Info (Janvier 1979)

En 1978, la municipalité de Varennes-sur-Seine et les enseignants du collège Maison Blanche reçoivent la visite du député de Seine-et-Marne Alain Peyrefitte, ancien ministre de l’Éducation nationale du général de Gaulle. Lui aussi évoque un projet de construction imminent, sans donner davantage de précisions.

1981 : la naissance du collège Elsa Triolet

« C’est d’un bel établissement, spacieux et fonctionnel, qu’élèves et enseignants prendront possession dès la rentrée de Novembre. Fini les classes-baraques, les locaux inadaptés ou dangereux, les conditions d’accueil indignes de notre temps »
Varennes Info (Octobre 1981, Mairie de Varennes)

Après quinze ans de combats, de défaites et de projets avortés, la construction d’un nouvel établissement d’enseignement secondaire à Varennes-sur-Seine est enfin lancée, fin 1979.

Si la nouvelle réjouit l’ensemble des habitants, des élèves et des professeurs, la municipalité ne décolère pas : sur les 17 millions de francs (environ 2,5 million d’euros) que va coûter le collège, 40% sont à la charge du Syndicat Intercommunal, créé en 1970 pour pallier le manque d’aides financières nationales. La somme est très importante, d’autant plus forte pour un établissement dont le financement aurait dû être pris en charge entièrement par l’État. Le syndicat s’endette pour 30 ans auprès de la Caisse d’Épargne.

Le collège en 1981 (Mairie de Varennes)

Le nouveau collège s’implante au lieu-dit de la Grande Garenne et porte, le temps des travaux, le nom de son projet architectural : C.E.S. 600. En effet, l’établissement est à l’origine conçu pour accueillir 600 élèves et 70 personnels.

Les travaux n’étant pas tout à fait terminés à la rentrée de septembre, élèves et professeurs ne prennent possession des nouveaux locaux que le lundi 9 novembre 1981, après les vacances de la Toussaint. Monsieur Hardouin, le premier principal du collège, accueille 322 élèves, venus de six communes environnantes.

Varennes Info (Octobre 1981, Mairie de Varennes)

Le collège est baptisé Elsa Triolet, du nom de la célèbre femme de lettres française, épouse de Louis Aragon (dont le nom sera donné, quelques années plus tard, à l’école primaire de la commune).

Pour autant, tous les problèmes ne sont pas encore résolus : le nouveau collège ne possède toujours pas d’équipements sportifs. Ce nouveau combat va durer … quinze années supplémentaires.

Les années 1990 : un gymnase pour le collège

Au début de l’année 1990, les élèves du collège Elsa Triolet de Varennes-sur-Seine vont faire du sport au gymnase de … La Brosse-Montceaux, mis gracieusement à la disposition des professeurs d’EPS par le maire de la commune. Encore une fois, c’est le Syndicat Intercommunal du collège qui se charge des frais de transport en car : 25.000 francs pour l’année (soit environ 3.800 euros).

La même année, un projet de construction d’un gymnase derrière le collège est refusé par la municipalité, au motif que le bâtiment serait trop grand (8 mètres de hauteur) et trop proche de la tour adjacente (moins de 6 mètres).

Le gymnase attenant au collège est finalement construit et inauguré en 1995, quatorze années après l’ouverture du collège. D’une superficie de 1120 m², il dispose de 2 vestiaires.

Depuis les années 2000 : inclusion & ouverture culturelle

Depuis le début des années 2000, le Collège Elsa Triolet de Varennes-sur-Seine ne cesse de se transformer, au gré des nouvelles réformes de l’Éducation nationale et de l’augmentation continue de la population.

Une Classe pour l’Inclusion Scolaire (C.L.I.S.) est créée au collège à la rentrée 2002, trois ans avant la Loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées, promulguée par le gouvernement Raffarin, sous l’autorité du président Jacques Chirac, en 2005. Tous les établissements scolaires de France doivent renforcer leurs dispositifs d’inclusion d’élèves à besoins particuliers. Ce dispositif est aujourd’hui appelé U.L.I.S. (Unité Localisée pour l’Inclusion Scolaire).

L’année scolaire suivante voit également l’arrivée d’un psychologue de l’Éducation nationale, chargé de suivre les élèves en difficulté.

Plusieurs projets pédagogiques toujours vivaces voient le jour au cours de la décennie : outre les voyages scolaires à l’étranger et les séjours sportifs, le cross du collège s’associe progressivement à l’association ELA, dans le cadre de l’opération « Mets tes baskets et bats la maladie ! ».

En 2016, le collège s’inscrit dans le programme européen Erasmus+ et organise des échanges culturels et linguistiques avec différentes écoles étrangères.

L’année scolaire 2019-2020 est marquée par la pandémie de Covid-19. En mars, le président de la République Emmanuel Macron impose la fermeture de toutes les écoles de France et le confinement généralisé de la population. Le retour progressif en classe se déroule avec un protocole sanitaire renforcé : masque sur le visage, gel hydroalcoolique pour se frictionner les mains et distanciation obligatoire.

En 2021, pour fêter le quarantième anniversaire du collège, les élèves de 6ème réalisent une photographie souvenir, publiée sur le nouveau site internet du collège.

Photographie : L. Brun

Liste des chefs d’établissement

Mme Nelly Guéret (depuis 2020)
M. Abderrahim Makhlouk (2017-2020)
Mme Laetitia Perozeni-Ravier (2014-2017)
M. Claude Pruvost (2011-2014)
M. François Friaud (2005-2011)
Mme Claudine Vieillemard (2001-2005)
M. Gérard Guerre (1993-2001)
Mme Anne-Marie Garcia (1990-1993)
M. Guy Ardoin (1981-1990)

Sources

  • Archives municipales de Varennes-sur-Seine
  • Jacques Varin, Varennes-sur-Seine : une cité chargée d’histoire au fil du temps, 2014
  • Revue Direction (Snpden)