Né sous la plume de Marcel Allain et Pierre Souvestre à la veille de la Première Guerre mondiale, le personnage fictif de Fantômas reste, un siècle après son apparition, un archétype de la figure du monstre criminel, prêt à tout pour devenir le maître du monde. Son nom résonne encore dans l’esprit de tous les Français, comme d’Artagnan, Cyrano de Bergerac, Jean Valjean ou Phileas Fogg, mais il y a un malentendu sur la nature de son être : Fantômas n’est pas un personnage sympathique, encore moins un personnage de comédie. Comment la pire incarnation du mal littéraire est devenue, au fil du temps, un nom qui prête à sourire ?

La faute au cinéma, particulièrement aux adaptations des années 1960. Dans la trilogie réalisée par André Hunebelle (Fantômas, Fantômas se déchaîne, Fantômas contre Scotland Yard), le personnage de Fantômas est affublé d’un masque vert grotesque (dessiné par Jean Marais) et s’amuse avec des inventions et des gadgets inspirés de l’univers de James Bond. Autour de lui, un héros casse-cou (Jean Marais), une jolie blonde potiche (Mylène Demongeot) et la plus grande star du cinéma français de l’époque, Louis de Funès, dont le génie comique emporte tout, au point d’éclipser le « génie du mal », simple faire-valoir du talent de celui qui incarne le commissaire Juve.

Fantômas est un moment décisif dans la carrière de Louis de Funès, longtemps acteur de second plan et qui devient en 1964 (avec Le Gendarme de Saint-Tropez et Le Corniaud) une immense vedette populaire, champion incontesté du rire au box-office, ce qu’il restera jusqu’à sa mort en 1983. Tourné en pleine Guerre Froide, Fantômas est aussi un reflet de son époque : gadgets espions, volonté de dominer le monde, le personnage est un miroir amusant de la réalité plus sombre des années 1960.

Julien Morvan

Mercredi 17 mai 2023 | 09:00
Niveau 6ème
Cinéma Confluences Varennes-sur-Seine