LA BARBE À PAPA (1973)
L’intrigue : Dans les années 1930, pendant la Grande Dépression, un petit escroc est contraint de faire équipe avec une jeune fille orpheline. D’abord réticent, il comprend rapidement que le caractère très affirmé de l’enfant peut lui être utile pour ses combines.
Titre original : Paper Moon
Réalisateur : Peter Bogdanovich
Scénario : Alvin Sargent
Date de sortie : 9 mai 1973
Genre : road movie, comédie
Pays : États-Unis
Durée : Environ 1h40
Distribution : Ryan O’Neal (Moses Pray), Tatum O’Neal (Addie), Madeline Kahn (Trixie), John Hillerman (le député), P. J. Johnson (Imogene), James N. Harrell (le prêtre)
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Que voit-on, que peut-on comprendre du monde avec les yeux d’un enfant ? Nombre de cinéastes ont tenté de répondre à cette question, de Charles Chaplin (Le Kid, 1921) à Shane Meadows (This is England, 2006), en passant par Fritz Lang (Les contrebandiers de Moonfleet, 1955) ou François Truffaut (Les Quatre cents coups, 1959). Adapté d’un roman à succès de Joe David Brown (Addie Pray), La Barbe à papa s’inscrit à la suite de cette longue tradition, avec une pointe d’excentricité et de verdeur dans les dialogues, propres au cinéma américain des années 1970, période de profondes transformations de l’industrie hollywoodienne.
Conformiste de prime abord, avec son noir et blanc et sa reconstitution historique soignée, le film se transforme rapidement en une explosion d’hommages aux genres les plus populaires du cinéma américain (la screwball comedy, le road movie, la fresque sociale), tout en gardant un pied dans son époque contestataire – à l’image de la petite fille, véritable démon sous cape, qui n’hésite pas à réclamer son argent et allumer une cigarette pour terminer une difficile journée. Ce doux mélange de tradition et de modernisme cinématographiques font de cette Barbe à papa un divertissement sucré, un peu rebelle, que l’on déguste avec le même plaisir coupable que la friandise de fête foraine qui illustre, mystérieusement, le titre français du film.
Ancré dans une époque historique très sombre (la Grande Dépression des années 1930 aux États-Unis), La barbe à papa n’est reste pas moins un film intemporel, à l’image des Raisins de la colère de John Ford (1940) ou du Bonnie and Clyde d’Arthur Penn (1967), deux plongées en temps de crise où se confondent les destinées, les larmes, les rires et les contradictions de personnages abimés par le poids de l’existence. Peter Bogdanovich filme la condition humaine des gens simples, petits escrocs et grands exploités, sans mélancolie ni bons sentiments. Un film méconnu mais indispensable.
Julien Morvan
Oct. 2023
Séance
Mercredi 11 octobre 2023 | 09:30 | VOST
Niveau 4ème
Cinéma Confluences Varennes-sur-Seine