ALEXANDRE LE BIENHEUREUX (1968)

Philippe Noiret

L’intrigue : Alexandre est un agriculteur dont la vie entière est consacrée à son épuisant travail quotidien, organisé de main de maître par la « Grande », son épouse. Lorsque celle-ci meurt dans un accident de voiture, Alexandre décide de se mettre au lit… et ne veut plus en sortir !

Réalisateur : Yves Robert
Scénario : Yves Robert, Pierre Lévy-Corti
Date de sortie : 9 février 1968
Genre : comédie
Pays : France
Durée : Environ 1h40
Distribution : Philippe Noiret (Alexandre), Marlène Jobert (Agathe), Françoise Brion (la Grande), Paul Le Person (Sanguin), Tsilla Chelton (l’épicière), Pierre Richard, Jean Carmet

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Sorti quelques semaines avant les événements de mai 68 et la contestation de la France gaullienne, Alexandre le bienheureux est une ode à la liberté, à la paresse et au bonheur individuel. Philippe Noiret, dans l’un de ses premiers grands succès au cinéma, incarne un sympathique paysan qui décide, du jour au lendemain, de se reposer jusqu’à la fin de sa vie, après des années de travail acharné. Barbu, en chemise de nuit, laissant sa ferme à l’abandon, il ne sort plus de son lit, installe un garde-manger au plafond et se fait livrer ses courses par son chien fidèle.

Le film s’emploie à montrer que la paresse est aussi contagieuse qu’un vilain rhume : tout le village se met à dormir et les plus réfractaires organisent la résistance. Que va devenir la société si plus personne ne travaille ? Peut-on vivre uniquement pour manger et dormir ? Doit-on travailler toute sa vie comme un forcené ? Pour le réalisateur Yves Robert, célèbre cinéaste du bonheur et de la joie, la réponse est claire : l’oisiveté est un art, au même titre que la gastronomie ou le jardinage. En cela, Alexandre s’inspire peut-être d’une figure emblématique de la littérature russe, Oblomov (Goncharov, 1859), propriétaire terrien qui passe ses journées couché sur son divan, jugeant qu’il est trop difficile de se lever pour travailler.

Alexandre le bienheureux fut un grand succès lors de sa sortie en salles. Un demi-siècle plus tard, à l’heure de la mondialisation, de la déprise agricole en France, des débats sur la retraite et du chômage de masse, cette fable philosophique, drôle et légère, presque inconséquente, reste plus que jamais d’actualité. Elle constitue aussi une excellente illustration, un peu anarchiste, du Droit à la paresse de Paul Lafargue, qui écrivait en 1883 que l’homme ne devrait « travailler que trois heures par jours » puis « fainéanter et bombancer le reste de la journée et de la nuit ».

Julien Morvan
Déc. 2023

Séance

Mercredi 20 décembre 2023 | 09:30
Niveau 6ème
Cinéma Confluences Varennes-sur-Seine